Au Coeur de Skye

Tome 1 : Et Malgré Moi te Trouver

- 1 -

Liam s’ébroua en regagnant le rivage, le corps tétanisé par l’eau glaciale du loch. Dans le ciel gris, des aigles de mers tournoyaient en émettant des bruits stridents, avant de plonger dans les eaux argentées pour pêcher. Être un oiseau… Ce devait être une belle vie, totalement indifférente aux ennuis des humains. Il mettait une option là-dessus, s’il se réincarnait un jour.
Quoique…
À y réfléchir, il préférait encore ne pas se réincarner du tout. Il n’avait aucune envie de jouer une seconde fois.
Il se passa les mains sur le visage pour chasser les gouttes qui gênaient ses yeux. Il faisait un froid polaire. Enfin, polaire… Écossais, ça revenait au même. Il avait l’impression que ses muscles s’étaient transformés en pierre. L’espace d’un instant, il se demanda s’il allait se pétrifier, marchant au ralenti avant de s’immobiliser, le corps dans sa gangue de froid, à mi-chemin entre les vagues du loch et les rochers de la plage arrondie…
— C’était vraiment une brillante idée ! ironisa-t-il à mi-voix.
Heureusement que l’endroit était désert, parce qu’il aurait alimenté les ragots de l’île pendant des jours. Déjà que son retour sur Skye n’était pas passé inaperçu…
Liam se donna des grandes claques sur les cuisses et le torse, pour faire circuler le sang et frotta ses cheveux à la coupe ultra courte. Il avait réintégré la vie civile depuis près de trois mois, mais il n’avait toujours pas pu se résoudre à adopter à une coupe plus négligée. Douze années d’habitudes strictes ne disparaissaient pas en si peu de temps.
D’ailleurs, rien ne s’effaçait, c’était bien le problème.
Il venait pourtant d’achever un footing de près de dix kilomètres à une allure soutenue, avant de se jeter à l’eau, et ça n’avait pas suffi à chasser les ombres effrayantes qui le hantaient. Ça ne suffirait plus jamais, désormais. Il aurait pu courir un marathon, en vain. Les images horribles ne s’effaceraient pas de sa mémoire. Il faudrait vivre avec.
Une perspective hautement déprimante.
Alors depuis son retour sur Skye, Liam enchaînait les méthodes brutales pour tenter de retrouver un peu de sérénité. Manifestement, celle qui consistait à plonger dans l’eau à dix degrés du loch, en simple short de course, après un sprint final sur la plage, n’était pas la bonne stratégie. Son cœur cognait avec violence dans sa poitrine, hurlant qu’il était cinglé de lui faire subir un traitement pareil…
— Tu survivras, se morigéna-t-il. Un peu d’eau froide, c’est loin du pire que tu aies vécu.
Très très loin.
Le grondement doux du ressac produisait un bruit de fond apaisant. Il inhala à pleins poumons l’odeur légère de tourbe et d’iode mêlées, tandis que sa respiration s’apaisait enfin. Ça sentait son enfance, les courses sur la grève avec Matt, son presque frère, sous la pluie. Il promena son regard sur les galets sombres qui émaillaient la rive, les ruines d’un très ancien château sur une petite île, à quelques centaines de mètres du rivage. Les souvenirs surgissaient, à mesure que les battements de son cœur devenaient moins désordonnés. Matt et lui, deux gosses hilares jouant à se poursuivre et qui finissaient toujours trempés, les fesses dans l’eau, riant comme des fous. Ils se défiaient pour nager jusqu’à l’île, leur terrain de jeu favori. Liam n’avait jamais gagné…
Il sourit. Ces pensées chassèrent un instant le malaise qui menaçait, tapi au fond de ses tripes. Et puis son esprit se reconnecta au présent, et l’élancement aigu qui lui déchirait l’âme lui revint avec force, boomerang violent en pleine poitrine.
La mort, les corps torturés, les chairs d’enfants déchiquetées, les visages ravagés de larmes des mères, le claquement assourdissant des tirs.
Il prit une profonde inspiration et secoua la tête.
— Tu as quitté l’armée ! Passe à autre chose, Cooper !
Comme si c’était facile d’empêcher les réminiscences du passé de s’imposer à son esprit…
Douze ans de service aux quatre coins du monde, fin de contrat trois mois auparavant. Et chaque jour qui passait était plus lourd que le précédent, chaque nuit l’obligeait à revivre les atrocités auxquelles il avait assisté. Participé, aussi. La guerre n’avait rien de glorieux, et elle produisait tout, sauf des héros. Un soupir lui échappa. Dire qu’il avait une collection entière de médailles honorifiques, toutes plus colorées les unes que les autres, récompensant sa vaillance et son dévouement…
Foutage de gueule.
Il secoua la tête. Inutile de ressasser toute cette boue. Il avait du boulot qui l’attendait.
Liam ramassa ses vêtements et ses baskets qu’il avait balancés sur un rocher et enfila, sans même se sécher, le tee-shirt qui se tendit sur son torse musclé. Le vent soufflait en rafales mordantes qui lui donnaient la chair de poule. Ses lèvres étaient bleues, ses dents s’entrechoquaient si fort qu’il crispa les mâchoires pour les empêcher de claquer. Si Matt le voyait, il en hurlerait de rire… Il faisait pitié. Difficile de dire ça autrement. Il devait ressembler à un pingouin frigorifié. Cette image-là, au moins, lui arracha un sourire.
Il se dirigea vers son vieux pick-up, un vestige de ses années d’adolescent, que son pote Scott Cameron, le mécanicien de l’île, lui avait maintenu en état ces dernières années. Le véhicule démarra dans un grondement grave et rassurant qui lui réchauffa le cœur. Bon sang, combien de conneries avait-il faites dedans ? Les filles qu’il couchait sur la banquette arrière quand il était jeune et stupide, les virées avec Matt et les autres jusqu’à Édimbourg, juste pour chercher la bagarre, à une époque où se battre était devenu sa raison de vivre… Et toutes ces fois où il sautait derrière le volant, alors qu’il avait à peine quinze ans, pas le permis, et qu’il roulait pourtant, le plus loin possible de chez lui et de son père ivre aux poings durs… De cela, au moins, l’armée l’avait sauvé. Mais dans quelles autres ténèbres avait-il plongé, depuis…
Les routes de l’île avaient toujours eu le pouvoir de l’apaiser un peu. Il roula jusqu’au phare de Neist Point, admirant les magnifiques panoramas qui s’offraient à ses yeux. Ces morceaux de terre d’un vert vif qui émergeaient de la mer grise, les bateaux qui tanguaient sur les flots, et le ciel qui commençait à se couvrir d’une orgie de nuages rosés, pour célébrer le fait que la pluie avait cessé depuis près de vingt minutes… L’île de Skye en février, c’était un petit bout d’Écosse pas encore envahi par les touristes, si paisible ! S’il existait un endroit au monde où il pourrait se reconstruire, c’était bien ici.
Il poussa la porte de la maison de son enfance, héritée de ses parents. Il avait tout cassé et tout réaménagé à l’intérieur, refusant de vivre prisonnier de souvenirs tristes. Une fois toutes les cloisons abattues, il était resté une sorte d’immense loft, qu’il avait encore amélioré en perçant des ouvertures plus larges pour faire entrer davantage de lumière. Le soleil était une des rares choses qui lui manquaient de ses opérations au Moyen-Orient. Ça, et les sourires des enfants qui les voyaient arriver dans les camps, quand ils escortaient les convois humanitaires.
Il avait ensuite installé un plancher de bois brut, posé une cuisine moderne en acier brossé que Matt, cuisinier de métier, adorait squatter pour préparer des cocktails bizarres et des plats délicieux. Liam avait tout fait de ses mains, ou presque. Il aimait bricoler, depuis tout gosse. Il fallait bien : dans une famille toujours fauchée, on faisait durer ce qu’on détenait. Pas grand-chose, en l’occurrence.
— Tu as des mains en or ! répétaient souvent les gens de l’île qu’il venait dépanner.
C’était vrai, il se montrait capable de rafistoler n’importe quel moteur défaillant, meuble mal équilibré, mur de guingois, chaudière grippée, toit fuyant. Il possédait une intuition infaillible pour repérer l’élément endommagé et le remettre à neuf. C’était une sorte de seconde nature. Ses mains savaient tout réparer.
Tout, sauf les dégâts causés par les tirs de roquette sur les chairs tendres des enfants.
Il serra les dents, contrarié par le flot de souvenirs douloureux qui remontèrent d’un bloc, menaçant de le submerger.
Ça ne s’arrêterait donc jamais ?
Ses mains agrippèrent le rebord de l’îlot de cuisine, à en faire blanchir ses articulations. Quel intérêt de savoir rafistoler un frigo ou une voiture, quand des milliers de gens mouraient au beau milieu d’une guerre qui n’était pas la leur ? Liam sentit l’habituel bouillonnement saisir ses tripes et les compresser, jusqu’à la nausée.
— Stop ! cria-t-il pour tenter de mettre fin à la litanie. Ça suffit. Laisse les morts là où ils sont.
Il cligna des yeux pour chasser le sang imaginaire sur ses mains et se concentra sur l’écran de son téléphone. Quatre nouveaux messages clignotaient : madame Brown, qui habitait à la sortie de la ville, requérait ses services, comme trois autres clients. Depuis trois mois qu’il était revenu sur l’île, Liam n’avait pas manqué un seul instant de travail. Pour le moment, il se contentait de donner des coups de main. Cela occupait ses journées vides et l’empêchait de penser. Mais si cela continuait, il finirait par ouvrir sa propre entreprise de réparation.
Il prit quelques rendez-vous, commanda un peu de matériel de zinguerie pour la future rénovation du conduit de cheminée de madame Brown, et il finit par appeler Nora, la fiancée d’Elliot, un de ses compagnons d’armée.
— Rien depuis deux semaines, soupira-t-elle. Je pense qu’ils sont du côté de Kaboul. Je suis inquiète, Liam…
— Tu sais qu’en opération, on n’a pas l’accès aux communications privées, la rassura-t-il. Pour préserver le secret des missions. Et avec la géolocalisation, c’est encore pire maintenant, personne ne s’amuse avec ça.
— Je sais. Mais je ne peux pas m’empêcher d’angoisser. Je voudrais tellement qu’il résilie son contrat…
— Il est quasiment au bout, ma belle. Il sera bientôt dans tes bras.
— Merci, Liam. Du fond du cœur. Je sais que tu m’appelles parce qu’il t’a demandé de le faire, mais ça me fait du bien de parler avec toi… Tu es le seul qui comprends.
— Je te téléphone parce que ça me fait plaisir d’avoir de tes nouvelles, rétorqua-t-il d’un ton ferme. Des tiennes, et de ton petit locataire…
Il devina à son silence qu’elle souriait. Elle était enceinte de six mois, et sa grande frayeur était d’accoucher sans son fiancé. Liam avait promis d’être là et de la laisser lui broyer la main, si Elliot était absent. Nora lui raconta les coups de pied et les nuits entrecoupées, et bientôt la tristesse disparut de sa voix.
Liam finit par raccrocher, sans lui avoir révélé que lui aussi, de savoir les gars là-bas, ça l’empêchait de dormir.
Au moins, songea-t-il, lorsqu’Elliot rentrerait chez lui – parce qu’il rentrerait ! –, il y aurait quelqu’un pour lui, quelqu’un qui l’attendait et l’aimait profondément. Et ça, c’était un trésor inestimable.

- 2 -

Il tombait des trombes d’eau. Un déluge de type biblique, au bas mot.
— Si on arrive à destination, ça tiendra du miracle ! murmura Alicia, inquiète. Rappelle-moi de ne plus jamais t’écouter, Ém !
Les essuie-glaces luttaient comme ils pouvaient, mais on ne plaisantait pas avec la pluie écossaise. Un long frisson glacé traversa la jeune femme. Bon sang, mais quel froid ! Elle rajusta sa grosse écharpe de laine pour tenter de conserver un peu de chaleur. Évidemment, le chauffage fonctionnait mal, ne soufflant qu’un air tiède qui peinait à chasser la buée des vitres et accentuait la sensation d’humidité dans le véhicule. Alicia se retourna pour vérifier que Sam était bien sanglé dans son siège auto. Une bouffée d’amour inconditionnel la submergea. Sam, quatre ans, dormait comme un bienheureux. Son fils serrait Bert, son doudou aux oreilles mâchouillées, contre sa poitrine.
—Petit veinard, songea Alicia avec tendresse.
Qu’est-ce qu’elle aurait aimé sombrer dans l’oubli total, elle aussi… Quelques jours sans rien ressentir. Plus de remords, de tristesse, de colère, de peur. Le bonheur à l’état pur !
— Allez, positive un peu ! se sermonna-t-elle. Il y a forcément quelque chose à sauver, en Écosse. Pas la météo, d’accord, mais… la gentillesse des habitants, peut-être ?
Un violent coup de klaxon la ramena au réel et la fit sursauter. Zut. Elle donna un brusque coup de volant à gauche pour rajuster sa trajectoire tandis que l’automobiliste agacé la doublait en faisant de grands gestes du bras. Pas aimables, les gestes.
Ok, « autochtones sympas », échec…
— Ça va, calme-toi, mon grand ! Je me suis juste décalée un peu à droite.
Un peu à droite… Un petit rire gêné lui échappa.
Et l’oscar de la meilleure réaction hypocrite est décerné à Alicia Stham !
Elle se trouvait au beau milieu de la chaussée, oui ! Ceci dit, elle n’était pas totalement coupable : les Écossais auraient dû faire preuve de bon sens et choisir le bon côté de la route au lieu de s’aligner sans réfléchir sur leurs voisins anglais, non ? D’ailleurs, la route, hein… Un long ruban gris qui serpentait entre des collines d’un vert aveuglant et rejoignait plus loin l’horizon d’ardoise. Autant dire un désert déprimant. Sa mauvaise foi la fit sourire.
Elle jeta un œil à Samuel dans le rétroviseur, hésitant pendant quinze longues secondes à effectuer un savant demi-tour pour foncer vers l’avion qui les ramènerait chez eux, au sec et au chaud.
— Un peu de courage, Al ! s’exhorta-t-elle à mi-voix. Il te reste au moins quelques lambeaux de dignité, non ?
Bien sûr que oui !
Elle repoussa la petite voix qui chuchotait dans sa tête qu’elle ferait mieux de renoncer et de retourner se planquer derrière ses dossiers, pour vivre une relation exclusive avec Sven – son ordinateur – et son fils. Une vie très modérément palpitante, aux contours clairs et définis : l’incarnation exacte de la sécurité à laquelle elle tenait tant.
La pluie continuait de s’abattre sur le pare-brise, et la nuit n’allait pas tarder à tomber. Le vert tendre des collines se teintait de gris terne. Qui aurait cru que l’Écosse était si désolée ? Les paysages étaient superbes, c’était indéniable, mais il régnait une sorte de mélancolie un peu triste qui lui sapait le moral. Depuis qu’elle roulait, seuls des arbres lugubres se dressaient le long de la route. Les vents dénudaient la terre et dessinaient de larges saillies pierreuses, comme des plaies à vif au milieu des champs.
— Bienvenue au bout du bout du monde !
Elle conduisait depuis deux longues heures. Son organisme réclamait désespérément sa dose de caféine et sa vessie avait besoin d’une pause urgente. Mais il n’y avait aucun endroit où s’arrêter. Pas de ville, ni de village, ni même de Bed and Breakfast perdu au milieu de ce rien détrempé, sinueux, et hors du temps.
— Tu m’étonnes que le pub tienne lieu de religion, dans le coin : comment affronter cette désolation humide, sans être ivre ?
Les seuls êtres vivants qu’elle croisait, à intervalle régulier, étaient des vaches qui se planquaient derrière leurs poils longs, préférant sans doute vivre dans le déni… La tactique de l’autruche locale.
Une masse claire droit devant tira soudain la jeune femme de ses pensées. Elle freina brusquement. Un énorme mouton bloquait la route, apparemment peu disposé à se décaler. Était-elle censée klaxonner pour inciter l’animal à bouger ? Lui foncer dessus en comptant sur son réflexe de survie pour qu’il dégage ? Sortir du véhicule pour le guider sur le bas-côté ?
— Allez mon petit père ! Pousse-toi !
Le gros animal la fixait, l’œil morne, indifférent à son agacement. La jeune femme tapota son volant avec nervosité, sans cesser de parler à l’animal par sa fenêtre entrouverte.
— S’il te plait, Mouton. Dégage de ma route !
Aucun résultat. La placidité à l’état brut. Un instant, Alicia l’envia et songea qu’il serait bien agréable d’être réincarnée en bestiole de ce genre : rien ne paraissait l’atteindre. Pas même les insectes qui semblaient grouiller autour de son museau.
— Tout compte fait, pas de réincarnation en mouton, s’exclama-t-elle avec un frisson de dégoût.
La pluie s’infiltrait par sa fenêtre, trempant la manche de son gros pull. Elle remonta la vitre et soupira, agacée.
— J’espère que tu finiras en gigot, ce sera bien fait pour toi !
Elle jeta un œil inquiet à l’arrière : ouf, Sam ne l’avait pas entendue. Heureusement, sinon elle en aurait eu pour des heures à devoir se justifier d’avoir souhaité un si funeste destin à ce pauvre bestiau !
Finalement, après avoir vérifié que la voie était libre, elle se décida à rouler à droite, en espérant que l’animal ne choisirait pas pile ce moment pour regagner son champ. La Vauxhall dépassa le monstre laineux sans encombre, et ils purent reprendre la route. Elle se sentait désemparée.
— Pourquoi ai-je choisi l’Écosse ? Maudit Jamie Fraser !
Outlander, c’était de la publicité mensongère ! D’ailleurs, elle n’avait encore croisé aucun highlander en kilt. Non pas qu’elle soit venue chercher un fiancé en Écosse : s’il y avait un mythe auquel elle accordait encore moins de crédit qu’au monstre du loch Ness, c’était bien celui de l’amour !
— Les Seychelles, la mer turquoise et des margaritas à la pelle, voilà ce qu’il m’aurait fallu ! Samuel aurait appris à nager avec les dauphins et à compter avec les poissons clowns…
Dire qu’à la place, ils allaient finir noyés tous les deux sous cette pluie glacée, avec pour seule compagnie des moutons énormes et des vaches qui auraient eu bien besoin d’une coupe chez le coiffeur…
— Bon sang, mais qu’est-ce que je fiche ici ?
Ça lui faisait mal de l’admettre, pourtant Maxine, sa chef, avait probablement raison… Même si Al nierait farouchement l’avoir pensé. La directrice de Lexitrad, l’agence de traduction qui l’employait, n’avait accepté son départ précipité qu’à contrecœur et uniquement en échange d’une mission d’interprète auprès d’un de leur plus gros client, un Russe malpoli qui cherchait une distillerie écossaise dans laquelle investir.
— Je ne suis pas guide touristique ! avait protesté Alicia, déroutée.
— Ce n’est pas comme si je vous laissais le choix, avait rétorqué sèchement Maxine. De toute façon, il n’y a rien pour vous là-bas. Vous regretterez ce voyage, vous verrez, je vous connais, et ces quinze jours vous paraîtront les plus longs de votre vie.
Alicia avait pourtant décidé d’accueillir son expérience écossaise avec le sourire, mais… Depuis qu’elle avait atterri à Édimbourg, en début d’après-midi, elle ne cessait de s’interroger : par quel impossible tour de force Émilie avait-elle réussi à la convaincre de partir sur un coup de tête, pour une destination choisie au hasard ? Elle qui ne haïssait rien autant que l’imprévu et la précipitation… Elle soupira.
— Tu as accepté ce séjour, alors tu t’y tiens.
Même si c’était certainement la pire idée du siècle.

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